Actes du convent de Willemsbad
Session VI du 23 juillet 1782
4 avril 2003
L' ordre du jour appelle la suite de l’étude des actes du convent de Willemsbad, session VI du 23 juillet 1782 :
- premièrement : est accepté comme jour de repos des frères les jeudi et dimanche
- deuxièmement : décision de recevoir dans l’OI des frères venus de Vienne et de Hongrie
- troisièmement : se pose le problème de la Suède qui s’est retirée avant le convent ; le système suédois a ensuite évolué pour son propre compte comme une SOT maintenue et un grade notamment de chevalier templier
- quatrièmement : dans la convocation, les questions débattues étaient annoncées et les frères avaient préparé des extraits de réponses. Dans ce quatrième chapître sont lues ses réponses.Il est à noter que dans ses mémoires au Duc de Brunswick, Joseph De Maistre avait répondu à ces circulaires mais celles-ci notamment ne sont jamais parvenues au destinataire.
Ainsi allons nous nous attarder sur les extraits du protocole suivants :
& extrait 64 :
Extrait des avis reçus du Chapitre de Varsovie, de Rothenberg de Gommern et notamment des frères Von Bruggen, Von Ferbe, Von Racknitz et Jahn sur les 2 questions : prononcer d’où la maçonnerie tire son origine ? Et sa filiation avec l’ordre du Temple ?
Peut-être date-t-elle des croisades : ceci rejoint la thèse (peu crédible) de Ramsay ; il est possible que la reconstruction du Temple démoli par les infidèles fût un but de nos chevaliers pieux, d’ou le mot du maçon ; et les français plus zélés à conquérir la terre sainte contractèrent de préférence ces liaisons maçonniques d’où la franc-maçonnerie ; il semble impossible de prouver par tradition l’origine de la maçonnerie ; celle-ci depuis 1730 est un garant de nœud étroit, de droiture, d’amitié, de défense, d’aide, de bienfaisance, la pépinière en fait de l’homme complaisant et honnête ; cependant, à partir de la guerre de 1756, le but a hélas différé et le bel idéal de la maçonnerie fût rendu difforme (d’où le travail de Willermoz maçon zélé et désolé du devenir superficiel de la maçonnerie d’alors).
Est-ce à cette époque où le but de la Chevalerie du Temple fût transmis à la maçonnerie (le terme Templier et le grade Rose-croix datent des années 1760 et sont de source allemande ; il est alors à noter la différence entre les grades écossais hauts-grades Scot-Master « élevé » d’avant 1745 et les grades d’écossais ; le Chevalier de l’Epée n’est pas un grade templier et les thèses templières sont bien apparues secondairement) ; deux thèses alors se dégagent :
- la maçonnerie continuerait un moment la chevalerie du Temple (chimère)
- il y aurait quelques rapports, sans véritable origine, mais une vérité assez éloignée ; de toute façon l’application des templiers est impossible au monde actuel.
Par ailleurs dans les archives de Von Hund de la 7 ème province, aucune trace de Tradition n’a été retrouvée.
Les frères concluent que la maçonnerie permet de conserver une société d’instruction et des liens vertueux entre les hommes qui tendent à un but éclairé et humain .
&extrait 65a :
Extrait de la réponse du Grand Prieuré d’Italie
Le sentiment d’antériorité de l’institution maçonnique à l’ordre du Temple est dégagé. Eques a Serpente, le fameux docteur Sébastien Girauult, médecin turinois et ami de Willermoz pense que l’institution maçonnique fait suite à des anciennes initiations qui ont plus ou moins dégénéré de la pureté primitive et la vrai maçonnerie paraît avoir les mêmes buts louables (ceci rejoint la Profession et la Grande Profession) ; il est noté une méfiance dans la restauration de l’Ordre des Templiers et une condamnation des Supérieurs Inconnus ; une société a pu être constituée lors des croisades, pas vraiment l’Ordre du Temple, et ceci arrive à son jour aujourd’hui ? (N ’est-ce pas un rapprochement de sociétés analogues et de Sébastien Girault, ami de Willermoz et grand profès de la société des Elus-Cohens ?)
La conclusion reprend l’instruction, l’exemple des vertus morales et sociales et la bienfaisance en évitant l’esprit de prosélytisme.
&extrait 65b :
Extrait de la réponse des frères de Chamberry, auquel appartient Joseph de Maistre mais ce n’est pourtant pas son texte. Il y a une notion contradictoire entre Supérieur et Inconnu ; il existe pourtant des frères dans l’Ordre et à l’extérieur qui ont des connaissances (certains sont Profès ou Grand Profès) ; Joseph de Maistre émet un doute sur ces Supérieurs Inconnus ; ils sont supérieurs : ils gouvernent ; ils sont inconnus : ils ne peuvent pas gouverner ; par ailleurs ils souhaitent pratiquer l’exclusion pour faute grave et souhaite supprimer les prières.
Ils concluent en parlant :
- de but extérieur dans les actes de bienfaisances et les établissements utiles à la santé, à l’instruction et au commerce
- et de but secret de communication de connaissances et vérités cachées
&extrait 66 :
ils s’agit des pensées d’Eques a Flumine et Eques ab Urna : que l’Ordre soit purement conventionnel ou dérivé, qu’il soit inventé ou qu’il y ait une filiation, l’important est qu’il existe des CBCS pour maintenir le prétendu bien, exercer la vertu et soulager l’humanité ; par ailleurs il ne connaît point de Supérieurs mais l’idée présente 2 faces : une de maintenir les lois, l’autre de posséder les connaissances et de les communiquer ; une question vient alors : quel cénacle secret : l’ordre des Elus Cohen ? Nous savons que la théurgie des Elus Cohen était voisine d’un certain « spiritisme » (notion pourtant plus tardive XIXème), par ailleurs à la même période en Allemagne, les Rose-Croix d’ancien système étaient des alchimistes.
En fait, chose très importante, une des visions de Willermoz était de combiner l’Ordre des Elus Cohens moins sa théurgie à la maçonnerie.
&extrait 67 :
les frères a Corco Coronato, a Minotauro et a Sagittis Ligatis parlent de religion pure rapportée à la morale apportant la paix par la défense des vertus sociales, de la bienfaisance et de la protection des princes.
Ceci pose en aparté le rôle et le but de l’Ordre intérieur, qui aurait un but « extérieur » d ‘irradiation de bienfaisance et un but « intérieur » de transmission d’une vraie connaissance.
L’ordre rectifié est victime du double langage ; en fait la logique interne et la volonté réservent la Connaissance d’origine non-humaine, Connaissance ultime rare et précieuse à des frères sérieux qui, par mérite et assiduité, comprennent cette connaissance et qui ne vont pas la « prostituer » afin qu’elle ne devienne pas commune et dégénérée ; il y a cependant une contradiction au niveau de la grande Profession : on sait qu’elle existe, on ne sait pas qui est dedans… et elle est supérieure et inconnue : c’est une contradiction.
Willermoz a œuvré pour éclaircir et tenté de résoudre ceci ; l’Ordre Intérieur a été réorganisé, les rituels écrits dans un but plus profond afin que l’ordre en retire un certain bénéfice ; c’est la solution du convent de Willemsbad : il n’y a rien au delà de l’Ordre intérieur. La Profession et la Grande Profession sont remises à leur place, c’est à dire « une fonction à côté » mais pas une instance de pouvoir qui conduirait spirituellement voire occultement le système .
&extrait 68 :
Il reprend des idées d’un frère sur l’ordre de l’entreprise : il raconte de manière farfelue, utopique et délirante la création d’un établissement, qui par des conquêtes grandioses en mer Méditerranée réunissant Europe et Afrique, laisserait les plus belles espérances d’un succès complet et fleurissant et précise que cela n’est qu’un songe…
Un autre frère, dans le même style rêve en les moyens utilisés pour rétablir l’Ordre détruit par le Pape Clément et le roi Philippe, ceci avec le consentement de la Grande Bretagne !
&extrait 69 :
les frères bataves du chapitre de la Haye reprennent l’idée d’un ordre très antérieur aux Templiers ; ils donnent une grande place à la clef d’Hiram ; ils proposent un gouvernement aristo-démocratique et se considèrent comme des « Templiers décidés » à tendre vers le bien général et non vers des intérêts particuliers. Par ailleurs, il est proposé de mettre en place lors du convent des petits comités qui se réuniront et permettront de « résoudre » les dossiers plus vite qu'en séance.
Nous reprendrons nos travaux lors de la prochaine tenue : session 6, question 4, extrait 70.