Actes du convent de Willemsbad

Session VI du 23 juillet 1782

4 octobre 2003

L' ordre du jour appelle la suite de l’étude des actes du convent de Willemsbad, session VI du 23 juillet 1782 posant le problème de l’origine et de la destination de l’Ordre.

Le point 5 de la session VI est abordé.

Nous retrouvons le climat du convent : des frères ont des informations mais ne veulent pas qu’elle soient notées ; il existe donc des échanges privées sans trace, ce qui explique un peu plus les déconvenues tardives de Beyerlé qui, non habitué à l’atmosphère particulière des convents, Willhemsbad étant le premier grand convent maçonnique, pensa toujours que des échanges secrets de plusieurs ordre avaient existé.

Un comité particulier est nommé pour communiquer ce qui a été appris d’un certain système templier ; ce comité est composé de frères strasbourgeois et allemands, de même que a Serpente frère italien, mais les frères Lyonnais sont absents, peut-être savent-ils tout ? De toute façon, ils ont les informations par a Serpente ami de Willermoz, mais, ce qui est sûr, ces frères de la 2ème province ne veulent pas discuter d’un système templier.

En fait, des frères pensent que le Temple a survécu et certains veulent ficeler leur propre Ordre ; ce n’est pas si loin de la situation que nous connaissons aujourd’hui en France, ou une stricte observance qui n’a plus lieu se promène quelque part et ou des grands prieurés bizarres se créent ! Les dérives sont les mêmes : clercs de la late observance de Starck du XVIIIème ou ordre du temple solaire du XXème.

Par ailleurs Willermoz, dans ce convent général, a la volonté œcuménique de réunir tous les systèmes maçonniques, cela ne se fera pas et le convent des Philalèthes de 1785 tentera de compléter ce que Willermoz n’avait pû achever. Nous savons bien que le convent de Wilhemsbad n’a rien réglé car nombreuses décisions prises ne furent pas confirmées et adoptées dans les provinces, certains systèmes allemands vont même disparaître.

Nous allons donc étudié les différentes réponses de l’extrait 70 :

& réponses des frères d’Herrenbourg :

Nous savons que Hund sur des documentations livresques (parfois fausses) a produit la résurgence du Temple, mais il a commis certaines erreurs dans ses propositions de matricules par rapport à ce qu’elles étaient dans l’Ordre du Temple du temps de sa splendeur. Des frères, s’étant aperçu que la division de Hund, ne correspond pas, attendent des preuves.

Ces frères parlent de Société conventionnelle et ainsi ne désirent pas une discipline monastique ; par ailleurs ils veulent savoir qui sont ces Supérieurs, d’ou ils viennent, pourquoi ils sont supérieurs.

Ils concluent sur les 3 buts de la franc-maçonnerie : Bienfaisance, Aide Fraternelle, Formation de l’Homme.

& réponses des frères d’Halsberg :

Allusion est faite aux clercs du Temple et à l’aventurier Starck qui disaient à Hund « nous avons la preuve que vous êtes la suite du Temple », en fait ils produisaient des faux documents et jamais l’authenticité a été prouvé … Ces frères se demandent alors à quoi bon continuer la filiation avec le Temple ? Ils se posent des questions sur ces Supérieurs instructifs ou commandants ? Ils désirent reconnaître les maçons de tous les systèmes et parlent de Tolérance ; ils concluent en pensant que le but de l’ordre ne peut pas être une science particulière mais la propagation de toutes les sciences possibles.

&réponses du frère a Telescopio :

Il croit trouver l’origine de la maçonnerie dans les initiations égyptiennes ; ces dernières sont venues aux Juifs, au Chrétiens, aux Templiers mais ces derniers ne sont pas parvenus aux derniers degrés ; aussi le but ne peut pas être la restauration de l’Ordre du Temple ; par ailleurs, si les Supérieurs existent et ne se montrent pas : c’est qu’ils n’existent pas. Il pense que le but de la maçonnerie est de chercher et d’observer les vertus et la moralité, il voit le même but chez les Rose-Croix et même chez les Ecossais de Saint André ( qui est en fait un autre système de l’époque, distinct du MESA que nous connaissons aujourd’hui ).

Il désire abandonner les 5 et 6 ème degré du système en se disant : nous gardons certes l’architecture de la SOT, mais nous ne sommes plus des Templiers alors nous supprimons les grades évoquant les Templiers.

Nous sommes dans le cœur du problème ; Willermoz a toujours évoqué un vague lien avec le Temple et a désiré en conserver certaines formes ; c’est encore toute la difficulté du rectifié aujourd’hui : tout est maçonniquement fluide du 1er au 4ème grade, mais ensuite on rajoute quelque chose qui a du mal à s’articuler avec ces 4 premiers grades. Nous savons même que des personnes au début du 19ème siècle ont pû utiliser que la partie Ordre Intérieur sans Maçonnerie le précédent.

En fait, lors de ce convent, pour nombreux frères de la SOT, la maçonnerie n’avait pas d’intérêt et n’était qu’un seul « préliminaire aux choses sérieuses ».

A noter que pour les frères de la SOT, la maçonnerie n’était qu’une apparence mais n’avait pas d’intérêt profond. En fait, chose importante, la SOT était en résumé un ordre chevaleresque sans fond maçonnique, ordre ayant récupéré une structure maçonnique.

Il est remarqué que nous retrouvons plus de « logique » chez les Elus Cohen : la Profession et la Grande Profession donne la signification métaphysique des 4 premiers grades, l’ordre intérieur étant entre parenthèse, on employait le terme de 5 et 6ème grade.

Nous savons par ailleurs que dans la structure finale du rectifié, tel que nous le connaissons à ce jour, l’Ordre intérieur a un pouvoir indirect dans la maçonnerie des 4 premiers grades (le commandeur est le député-maître).

Nous devons à cet instant nous arrêter sur un point , en particulier sur le contexte d’alors des relations entre la maçonnerie française et allemande :

  • en France le thème chevaleresque est important, notamment le chevalier de l’épée, le chevalier d’Orient, thématique hérité du discours de Ramsay ( ce dernier ne faisant cependant aucunement référence aux Templiers mais à l’ordre des chevaliers hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem ), ce chevalier de l’épée était en fait un grade maçonnique à thème chevaleresque ;
  • par ailleurs, la maçonnerie française avait connaissance des Grades d’Ecossais vert et rouge, aspect final de la démarche maçonnique de la SOT ;
  • d’autre part, les Français aiment les grades d’Elus, de vengeance (le Kadosch en particulier), les Allemands n’aiment pas car y trouvent un fond ambigu : comment aller tuer l’assassin d’Hiram alors que Salomon condamne les actes de vengeances .

Willermoz connaît tout ceci, ils rejette aussi les grades à poignard ; ainsi, il va supprimer toute la vengeance du grade Kaddosch mais va en garder l’ esprit chevaleresque qu’il va placer ailleurs : ainsi il supprime les hauts Grades et place un Ordre Intérieur de chevalerie chrétienne, Ordre distinct mais pas complêtement des 4 premiers grades maçonnique, avec comme passerelle entre les 2 le grade de Maître Ecossais de Saint André.

Nous saisissons alors l’habileté de Willermoz qui va obtenir la caution des princes allemands de la SOT d’une démarche spirituelle maçonnique traditionnelle recouverte d’un habillage chevaleresque.

&extrait de la réponse de Tempelbourg :

L’origine de l’Ordre remonte dans la plus haute antiquité ; L’Ordre des Templiers en a été le dépositaire ; nous devons continuer à être des Templiers

&extrait de la réponse de Baruth :

L’origine de la maçonnerie dérive des Egyptiens, les Templiers ont été dépositaire d’une certaine doctrine ésotérique ; nous nous devons de faire perdurer cette vision templière ésotérique en délaissant la vision politico-économique. Ils croient que l’Ordre des Rose-Croix possède les mystères de la maçonnerie .

Ils pensent par ailleurs que les dits Supérieurs doivent être plus instructeurs que commandants. D’autre part, à la suite des 3 premiers degrés, un quatrième se formera à la nature des choses. Enfin, si l’Ordre possède quelque chose de scientifique, ce sera le but intérieur mais il faudra le chercher, le but extérieur étant toujours la Morale et la Bienfaisance.

Nous reprendrons nos travaux lors de la prochaine tenue : nous terminerons la session 6, question 6, protocole 70, extrait des frères de Calenberg puis nous embrayerons sur la session 7.