Actes du convent de Willemsbad

Session VI du 23 juillet 1782

6 décembre 2003

L'ordre du jour appelle la suite de l’étude des actes du convent de Willemsbad, session VI du 23 juillet 1782 posant le problème de l’origine et de la destination de l’Ordre.

Nous sommes fin de 6e session : quelle relation peut exister entre la maçonnerie et l'Ordre du Temple? Cette préoccupation obsédante pour les FF de WILHELMSBAD peut paraître surprenante mais cela a été le pivot du Convent ; il faut prendre conscience que c'était la légitimité alléguée de la S.O.T.. On le sait les jeux étaient largement faits préparés par des entretiens préliminaires entre Willermoz, Charles de Hesse Cassel, Ferdinand de Brunswick et les deux dirigeants de la SOT étaient acquis aux thèses de Willermoz, sur la renonciation templière mais ils savaient qu'il fallait du temps pour le faire admettre (pourrissement), 32 présents au plus fort des présences sur 1mois et demi ; c'était une révision tragique qui était en cause et cela ne pouvait pas se faire en un jour.

Session VI, point 6 :

Où il est dit "après tout ce que vous avez déjà entendu, voulez-vous vraiment continuer l'Ordre du Temple ?

Ab Eremo y précise : l'objet du présent Convent consiste essentiellement à réunir toutes les diverses branches de la Maçonnerie ; mais là est l'ambiguïté car ceux qui n'étaient pas dans la S.O.T., parmi tous les systèmes maçonniques n'ont pas répondu

Au cours du Convent on va oublié très rapidement cet aspect là et même la 9e Province de Suède n'a pas répondu car elle s'est déjà détachée, d'où le système suédois est une S.O.T. qui a continué à évoluer pour son propre compte, dons aujourd'hui avec de nombreux vestiges de la S.O.T. ; elle demeure templière ce qui n'est pas ambigu en Suède où la religion d'état est luthérienne et la royauté suédoise n'est pas gênée par cette référence.

Session VIIe

On voit un comité se réunir en dehors des travaux officiels pour formuler la doctrine ; il en sera fait de même pour les rituels. A la lecture du point 4 il faut noter les détails de fonctionnement sont essentiels, car ils font apparaître les mensonges et les affabulations de Von Hund, mais en même temps ils ont le souci de ne pas salir la mémoire de Von Hund, car cela aurait aussi remis en cause la fondation même de la S.O.T..

Dire les choses sans les dire c'est préserver la crédibilité de la fondation de l'Ordre.

Dans les Acts n° 73, on peut tirer les remarques suivantes

WILHELMSBAD apparaît comme une légende qui véhicule l'idée d'un Convent réunissant toute la maçonnerie Européenne et préparant la Révolution Française ; or Ab Eremo rappelle que le but est de rassembler tous les systèmes maçonniques en une seule association, c'est pour cela qu'il s'appelle Convent Général, et puis l'Allemagne est composée de nombreux petits états (autoritaires, sans unité religieuse).

Or à WILHELMSBAD, le Duc de Brunswick se fait élire, il propose des motions au suffrage, il invite fraternellement les Députés à respecter les règles. Il tient d'autre part à ce que tout soit justifié. WILHELMSBAD est certainement la première assemblée où l'on délibère et il ne sera plus possible après, en maçonnerie de procéder sans délibération. L'Angleterre est dans ce fonctionnement depuis une bonne cinquantaine d'années, mais cela ne correspond ni à la culture de la France ni à celle des pays allemands.

Le travail de mise en critique de la filiation templière a commencé très tôt en France, dans les années 1774-1775, et s'est développé sur trois années pour arriver au Convent de Lyon, où les décisions apparaissent clairement ; il n'en est pas de même pour WILHELMSBAD où l'on a une stratégie progressive vers là où l'on veut aller, car pour Willermoz, Charles de Hesse Cassel, Ferdinand de Brunswick, ce n'est plus un problème, car celui-ci est déjà réglé.

Il faut noter que des doutes et du scepticisme avaient été exprimés quand à la filiation templière, mais ils n'étaient pas arrivés à une synthèse. La synthèse de Lyon était si nous ne sommes pas leurs héritiers matériels mais nous pouvons être les héritiers d'une certaine tradition spirituelle ; et si nous ne sommes pas les héritiers matériels nous en conservons les formes.. Ainsi la filiation templière légitimait le système, car dès 1776, le dit système passe un accord avec le G.O.D.F. par les Directoires.

Les 3 premiers grades sont homologués par le G.O.D.F. et traite avec les Directoires comme s'il traitait avec une puissance maçonnique étrangère ayant des établissements en France. Il fallait donc que cela repose sur une construction sérieuse.

On doit noter qu'en Allemagne la maçonnerie templière était largement majoritaire, et aussi que le système Français n'a pas pris en Allemagne.

Suite du point 4 – avec Act 75 avec Ab Hedera (Salzmann) qui nous dit que nous n'avons rien à voir avec les templiers et que si nous avions réellement à voir avec les templiers, ce serait très ennuyeux, seulement voilà beaucoup d'entre nous sont attachés à cela ; on va donc conserver le minimum qu'on puisse conserver ; on voit bien qu'avec Ab Hedera ce compromis d'assemblée n'est pas le fond de sa volonté ; on peut émettre l'hypothèse que si les Français avaient été libres de leurs mouvements, ils auraient en peu d'années, presque complètement abandonné les références templières, mais ils ont du composer et ce jusqu'à nos jours.

On voit la stratégie qui a été suivie par les FF qui ont le Convent en main, c'est à dire stratégie que l'on retrouve dans les négociations diplomatiques, dans les Conférences internationales ; on donne à chacun la possibilité de s'exprimer pour mieux rassembler.

D'autre part il faut aussi noter dans plusieurs passages la référence à la lumière et à la raison, donc un courant de pensée que l'on ne s'attendrait pas à trouver ici ; le siècle des lumières a aussi été le siècle des Illuminés et que la ligne de partage ne passait pas entre les individus mais à l'intérieur des individus.

Les prochains travaux commenceront avec l'examen de la session VIII.